Festival de la cité de Lausanne - du 7 au 12 juillet 2015 - 44ème édition

Marta Górnicka (Pologne )

Théâtre

Les Pussy Riot ne sont pas les seules à secouer les conventions patriarcales, à l’Est. Moins médiatisée mais tout aussi engagée et pas moins obstinée, Marta Górnicka oeuvre dans un théâtre de combat qui va quérir sa force de contestation dans les formes antiques. Deuxième volet d’un triptyque qui a débuté avec Choeur de femmes, Magnificat fait monter sur scène 26 femmes actrices, chanteuses et non professionnelles, scandant, chantant ou chuchotant un même cantique puissant, virulent et transgressif.

Diplômée de l’académie de Théâtre de Varsovie et de Cracovie, la comédienne, chanteuse et metteure en scène a porté autour du globe ce chant féministe à la fois ancien et moderne. Le choeur des femmes mélange chants liturgiques, slogans publicitaires et phrases de la vie quotidienne. Guidé par une cheffe de choeur qui transforme les mots en musique et le langage en rythme, il mobilise aussi des sons électroniques et des références pop pour soutenir des textes d’Elfriede Jelinek, des passages de la Bible ou des extraits des Bacchantes d’Euripide.

Marta Górnicka s’attaque au poids des croyances religieuses dans la Pologne contemporaine qui véhiculent encore une représentation de la femme pure et obéissante. Dans sa ligne de mire: la Vierge Marie, incarnation iconique de l’éternelle souffrance et soumission féminine. Le choeur s’adresse à elle dans une supplique que la colère transforme peu à peu en menace. «Si Choeur de femmes était la naissance de ce théâtre, Magnificat en est sa rébellion adolescente», explique Marta Górnicka. On a toujours raison de se révolter.