Festival de la cité de Lausanne - du 7 au 12 juillet 2015 - 44ème édition

Bertrand Belin (France)

Chanson rock

Ils ne sont pas si nombreux, dans le paysage musical français, à durer dans les marges sans abandonner ni leur exigence ni leur souffle. Bertrand Belin est de ceux-là, qui peaufine avec une méticulosité d’ébéniste un parcours de deux décennies qui l’a vu se baguenauder entre les genres et les styles, conservant toujours une fausse indolence «gainsbourgienne» que renforcent son look et sa voix.

Je parle en fou, entonne-t-il sur Cap Waller, son dernier disque en date, le cinquième. Une autre chanson s’intitule Folle, folle, folle. Sous des atours de normalité germanopratine, Belin soigne sa nature étrange et insoumise, en fils de pêcheur breton, le métier que ses deux frères ont choisi et qu’il n’exclut pas d’embrasser un jour. De sa jeunesse, il évoque sans fausse pudeur un «environnement extrêmement violent et alcoolisé» mais aussi le doux souvenir du Boléro de Ravel, des disques de Christophe et beaucoup de vieux rock’n’roll. «Je ne peux pas faire autrement que rendre hommage à ces musiques américaines des années 50, mais avec un souci d’invention quand même.» On croirait entendre Bashung, lui aussi élevé dans cette tradition «exotique» qu’il coula dans une culture francophone. Dans la discothèque d’enfance de Bertrand Belin, Gaby tourna beaucoup sur la platine... Toutes ces influences ont offert au musicien sa substance, pour ses albums propres ou les nombreuses collaborations de ce touche-à-tout – danse, théâtre, films, roman, performances... En 2010, Hypernuit a obtenu le Grand Prix du disque de l’Académie Charles-Cros. Une récompense honorant le noble artisanat d’un pêcheur de notes scrupuleux, de ceux qui tricotent chaque soir leurs filets à la main.